Nous avons émis de bonnes résolutions en ce lundi matin 10 septembre. Comme un jour d’école, Luna commence à travailler ses cours à 8h pendant que je range la tente et tout le matériel de camping. Je fais la vaisselle à l’eau chauffée au camping-gaz ; forcément ça prend un peu plus de temps qu’une vaisselle traditionnelle. A 10h, nous sommes prêtes à prendre la route pour LA Vallée de la mort.
Elle s’annonce bien avant le panneau officiel car le paysage en bord de route devient progressivement aride et accidenté, des boues noires, des rochers s’amoncellent au pied de montagnes abruptes. La température extérieure affichée au tableau de bord monte gentiment mais surement.. pour autant, nous ne faisons pas tellement attention au réservoir d’essence car nous avons un peu la tête ailleurs !
Luna choisit une musique de circonstance avec sa playliste « death métal » : un rock bien énervé et énergique qui donne une dimension supérieure au chaos extérieur.
Un désert de roches, plus loin des herbes rases, une rivière asséchée, un canyon rouge, des falaises de roches multicolores, un désert de sel, de longues vallées qui semblent flotter en suspension tellement l’air est chaud.
Nous ne nous permettons pas trop d’arrêts. D’ailleurs ce n’est pas recommandé et il n’existe que très peu d’endroits pour couper le moteur. L’idée est plutôt de rouler doucement pour profiter de la vue. Dès que l’on sort de notre cocon sous climatisation, c’est étouffant et cela tape au sens premier. Comme si le soleil essayait de nous cogner avec ses rayons ardents. Il faut beaucoup boire et ne pas s’éloigner du véhicule.. même lorsque des dunes de sable ou un mirage nous appellent.
Notre compteur d’essence a bien baissé et nous sommes vraiment heureuses de trouver une station-service bien qu’elle soit hors de prix. Il y a aussi des réserves de boisson fraiches à Panamint Springs : un grand verre avec beaucoup de glaçons s’il vous plaît !
En reprenant le volant, nous parlons entre mère et fille de certains pans douloureux de notre histoire commune récente ; comme si les évoquer ici permettait de les laisser brûler au soleil. Cela libère et permet de chanter à tue-tête « Highway to Hell » en riant. La route nous mène à Zabriskie point et ses dunes figées.
La tête nous tourne sans que l’on ne sache très bien si cela est dû à la température qui frise les 115° F (environ 46 d° Celsius) , au paysage proprement hallucinant ou à l’inquiétude grandissante de savoir où l’on va poser notre tente ce soir dans ce monde minéral et hostile. Il existe bien quelques campings dans le parc mais lorsque nous y passons nous n’y voyons aucun campeur et pour cause : le risque est réel de finir grillé comme une merguez.
Une fois sortie du parc de Death Valley, la nature n’est pas plus accueillante. Nous roulons vers Las Vegas, toujours vers le Sud en quête d’un miracle…
…et notre Oasis arrive sous la forme du village de Shoshone. Nous nous y arrêtons au moment du coucher du soleil quand la température devient supportable. L’accueil du camping par un monsieur très gentil nous semble particulièrement bienveillant pour les survivantes du désert que nous sommes. Nous apprenons avec bonheur qu’il existe une source d’eau chaude naturelle à 34 °C à laquelle les campeurs ont accès. Nous finissons ainsi cette « very hot » journée à faire trempette dans une piscine-baignoire en plein air avec le ciel étoilé au dessus de nos tête comme témoin de nos rires et éclaboussures.
La séance de travail de Luna le lendemain matin a pour cadre une bibliothèque poussiéreuse installée dans un bungalow du camping , rafraichie par un gros ventilateur bruyant. La mise en route de certains cours avec le CNED n’est pas chose aisée car plusieurs fascicules sont à consulter en parallèle ; le tout sur un seul et même ordinateur ! Il va falloir apprivoiser la méthode de travail par correspondance ainsi que le jonglage entre différents fichiers.
Après le travail.. plongeon dans la piscine naturelle avec pour seule compagnie de grosses libellules ; et quelques taons !
Puis, nous allons tester le bar saloon du village, ses hamburgers et ses galettes de mais… dans une décoration qui nous plonge dans un western en en rien de temps.
La visite du Musée de Shoshone prolonge cette impression de voyage dans le passé. A côté des os d’un mammouth découverts non loin de là, des objets du quotidien raconte l’histoire de la Vallée de la Mort depuis les 1ères mines de Borax du début du 19ème siècle.
Il est assez choquant de ne pas trouver dans ce lieu de mémoire plus qu’une simple mention de l’histoire plus ancienne de l’occupation humaine de la Death Valley par les tribus Timbisha Shoshone. En effet, ces terres a priori inhospitalières sont habitées de longue date ; depuis plus d’un millier d’années comme l’explique le site suivant : http://cocomagnanville.over-blog.com/2017/09/etats-unis-le-peuple-timbisha-shoshone.html
Nous nous arrêtons photographier le centre de Santé communautaire local. Hélas, il est fermé en ce début d’après-midi…

Notre petite voiture file ensuite à travers le désert direction Las Vegas. La route est assez longue et rectiligne ; ce qui pourrait être monotone mais le paysage est somme toute changeant ; des portions de route traversant des zones montagneuses alors qu’à d’autres moments, c’est la plaine qui domine. Arrivées chez notre hôte, nous sommes toutes contentes de notre grande chambre joliment meublée, avec ouverture des portes vitrées sur la piscine. Nous dégustons le chocolat déposé sur l’oreiller toutes à notre aise.. avant de comprendre que nous nous sommes installées dans la mauvaise chambre ! La notre est beaucoup plus petite et la porte ouvre.. sur le couloir !
Malgré la fatigue de la route, nous sommes impatientes de savoir de quoi il retourne dans cette ville de jeux dont on parle tant. Il fait noir et cela semble la meilleur heure pour découvrir le monde la nuit à Las Vegas, sur son avenue la plus connue, The Strip.
Au début, nous ouvrons grands les yeux (et la bouche) devant une débauche de lumière, d’architectures mégalomaniaques, de trompe l’œil, de tentations commerciales…Puis, progressivement, de l’émerveillement nous passons au vertige, pour ensuite verser dans la nausée.
Trop de bling bling, d’agressions des sens de tous côtés. L’odorat passe des parfums synthétiques aux odeurs de cuisine ou d’égouts, la vue se brouille à force de zapper d’un écran géant extérieur à un autre, d’une grande roue lumineuse à des gratte ciels tape à l’œil, d’un décor de carton pâte à des enseignes clignotantes. La musique à chaque coin de rue, de bar, de restaurant se mélange en un brouhaha assourdissant. Pour évoluer dans le dédale des casinos, hôtels et grands magasins, il faut emprunter des escaliers, des passerelles, des rues suspendues qui nous font perdre le nord et tous sens de l’orientation. Bref, nous sommes perdues dans un no man’s land d’espace et de temps. Cela a semble-t-il pour but de nous faire consommer, jouer, oublier le monde extérieur. Cela a tout l’effet inverse pour nous ; groggies, nous nous enfuyons à toutes jambes sans avoir dépensé le moindre dollar !
Avant de quitter les lieux, un cliché d’une Minute Clinic ouverte 24h/24 en plein Las Vegas Strip.

Le lendemain, mercredi 12, nous choisissons de rester tranquillement dans notre hébergement sans nous risquer à aller voir de jour à quoi cela ressemble. Nous reprenons plutôt des forces auprès de la piscine avant de poursuivre notre route vers le monde des canyons…
Nous sommes toujours heureux de vous suivre dans’vos avantures’, bravo les filles ! Et merci pour votre carte c’est super gentil ! Tonton michel
Envoyé de mon iPad
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